C’était en 1960
Nous sommes en pleine guerre d’Algérie. A cette époque la prise en compte de l’environnement social du militaire et de sa famille n’a pas la dimension qui lui est fort heureusement accordée aujourd’hui dans le cadre général de la condition militaire. A cette époque point de « Plan famille », point de Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre (CABAT) ; la famille fait tout juste partie du « paquetage »… Mais les combats de cette guerre endeuillent pourtant nombre de celles-ci. Trop souvent les veuves se trouvent démunies devant de telles dramatiques situations, perturbées psychologiquement, parfois isolées et totalement désemparées. Face à ces situations, le général LE MASSON, commandant de l’ALAT, impulse la création d’une structure capable de prendre en compte de tels besoins. C’est ainsi qu’en février 1960 est créée « L’Amicale et Entraide ALAT » avec à sa tête son premier président, le général LEJAY. D’emblée, des bénévoles s’impliquent dans cette magnifique démarche et l’association est autorisée à fonctionner en faveur des militaires de l’ALAT en activité, sur décision du Ministre des Armées. A cette époque également, une précurseur de nos actuelles déléguées allait prendre toute sa part dans la genèse de cette belle histoire de l’Entraide ALAT. C’est Marie-Lise ESTOUP, dite « Banzette » dont j’ai déjà évoqué le parcours . En Algérie en 1959, au sein du GH2, elle était aux côtés d’une veuve qui venait de perdre son mari. Ce sera ensuite au COMALAT à partir de 1961 qu’elle poursuivra ses actions. Rapidement, le général LEJAY attire de plus en plus d’adhérents et dès novembre 1960 les unités de soutien rejoignent l’Amicale et Entraide ALAT. Les militaires du contingent sont eux aussi invités à rejoindre ses rangs. L’association s’organise et des fonds sont récoltés pour subvenir aux besoins. En 1962 ce sont près de 2000 bérets bleus qui adhèrent à l’association qui doit encore mieux se structurer pour assurer le suivi des familles de plus en plus nombreuses qu’il faut soutenir.
Les années 70
Implanté à Issy les Moulineaux, le siège de l’Amicale et Entraide ALAT est transféré à Villacoublay en 1973. Quelques années après, l’association se rapproche des Ailes brisées pour encore mieux soutenir les familles dont le militaire est décédé en service aérien.
Les années 80
Alors que jusqu’alors les unités se chargeaient du suivi des familles, en 1981 un réseau de déléguées, veuves elles-mêmes, se constitue et nécessite rapidement la mise en place d’une coordination des actions. C’est donc en 1982 que Madame Jocelyne CHANDOUINEAU, veuve de l’ALAT et déléguée de la région Anjou, accepte de prendre cette fonction qu’elle occupera jusqu’en 2003. En 1983 le général COFFRAND succède au général LEJAY qui décède en décembre de cette même année. Il assurera la présidence de l’association jusqu’en 1993.
Les années 90
C’est sous sa présidence que l’Amicale et Entraide ALAT deviendra l’Entraide ALAT en 1986. Le général VIOT s’en verra confier la présidence en avril 1993 et continuera l’œuvre de ses prédécesseurs avec l’aide de tous les bénévoles de l’association. Pendant son mandat, la fonction de déléguée nationale sera prise en 2003 par Mme Mireille LICHTENSTEGER. Le général VIOT exercera ses fonctions jusqu’en 2012, année au cours de laquelle il me passera les commandes.
L’Entraide ALAT toujours fidèle à l’esprit originel de L’Amicale et Entraide ALAT de 1960
« Veillons sur nos familles », telle est la devise de l’Entraide ALAT aujourd’hui. Les deux objets de l’association n’ont pas changé, même si ses statuts ont été quelque peu modifiés en 2016. Le premier d’entre eux, le plus connu, est « de dispenser une aide morale et matérielle aux familles de personnels décédés, servant ou détachés de l’ALAT ». Le second, un peu moins connu celui-là, mais ô combien tout aussi important, est « de conserver et d’honorer le souvenir des morts de l’ALAT ». C’est ce que nous faisons avec le « Père de l’Arme » et l’UNAALAT chaque année en particulier lors de la journée du Souvenir en juin au moment de la Sainte Clotilde. En 2010, une nouvelle étape importante a été franchie pour l’Entraide ALAT avec sa reconnaissance d’utilité publique. Cette étape est venue concrétiser la véritable reconnaissance faite à l’association et récompenser tous les efforts de ses pères fondateurs et de tous les bénévoles qui donnent de leur temps depuis 60 ans. Aujourd’hui encore, tous les bénévoles de l’Entraide ALAT sont à l’écoute et aux cotés des familles. Ce sont 315 familles que l’Entraide ALAT a suivi. Ce sont 75 avec lesquelles un contact étroit est toujours maintenu.
Nos déléguées auprès des familles
Nos déléguées entretiennent ce contact par des échanges téléphoniques, électroniques ou par courrier. Lorsque cela est possible ou nécessaire, des visites à domicile sont faites. Les déléguées envoient chaque trimestre la revue de l’UNAALAT, « Béret bleu magazine » (BBM), aux veuves (ou veufs) qui le souhaitent. Pour beaucoup d’entre elles, c’est un lien important qui les relie toujours à la grande famille de l’ALAT. Ainsi, Marie CASTELNAU pour l’Ile de France, Dominique ROBLIN pour les Hauts de France, Sylvie DROILLARD-OUZIN pour la Bretagne, les Pays de Loire et le Poitou, Jo GRAVELINES pour l’Aquitaine et le nord Charente, Bernadette PARISOT pour l’Aquitaine sud, Isabelle LUGNIÉ pour les Pyrénées, Lucette AYERBE et Isabelle GUERIMAND pour le Languedoc Roussillon et midi Pyrénées, Joëlle LASTENNET pour le bassin rhodanien, Marie-Christine BERARD-OBERSON pour le sud-Est et la Corse et Michelle GERMAIN pour le grand Est, sous la houlette de la déléguée nationale Mireille LICHTENSTEGER, œuvrent sans relâche pour nos familles. Au moment de Noël elles adressent un chèque accompagné d’un petit mot à une quarantaine d’enfants. Lorsque l’un d’entre eux devient majeur, c’est un chèque de majorité qui lui est envoyé au nom de tous les membres de l’association. C’est ensuite la prise en charge financière du permis de conduire qui est assurée par l’association. Par ailleurs, chaque année une commission se réunit en novembre pour étudier les demandes d’allocation scolaire auxquelles ont droit tous les enfants et ce sur toute la durée de leurs études . C’est donc plus d’une trentaine, pour certains d’entre eux en études supérieures, qui bénéficient de cette aide. Toujours à l’écoute des familles, les déléguées sont en mesure très rapidement de faire remonter des difficultés éventuelles, qu’elles soient d’ordre administrative ou financière.
Des actions complémentaires avec ses partenaires
Tout aussi rapidement, le bureau de l’Entraide ALAT est capable d’y répondre si nécessaire après étude de la demande ou de la situation. C’est la « marque » et la spécificité de l’Entraide ALAT : la proximité. Cette proximité est aussi cultivée au travers du réseau des correspondants d’unité qui maille l’ensemble des unités, au plus près des adhérents. Ils sont essentiels au fonctionnement de l’Entraide ALAT. Afin d’être encore plus efficace et de pouvoir répondre au mieux à toutes les situations qui peuvent se présenter, l’Entraide ALAT a tissé depuis de nombreuses années des relations avec d’autres acteurs de la solidarité. C’est bien sûr avec les Ailes brisées qui, est-il important de le rappeler, interviennent exclusivement pour le personnel navigant décédé ou blessé en service aérien. Il est donc très important de redire ici que l’Entraide ALAT s’adresse à toutes les catégories de personnel en activité, civil ou militaire, quelle que soit la spécialité (PN et non PN) et quelles que soient les causes et circonstances de l’origine d’un décès ou d’un accident de la vie. Encore une fois, de trop nombreux exemples sont malheureusement là pour le démontrer. C’est encore avec Terre Fraternité avec qui l’Entraide ALAT possède un protocole, et bien sûr aussi avec la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre (CABAT). Des liens non formalisés sont bien sûr aussi entretenus avec l’ADO . C’est récemment avec l'association TEGO que l’Entraide ALAT a aussi signé une convention de partenariat. Bien évidemment, le président de l’Entraide ALAT entretient des relations fraternelles avec les autres associations d’Entraide de l’armée de Terre qui se réunissent chaque année sous la présidence du chef d’état-major de l’armée de Terre.
L’Entraide ALAT : le « terreau » de l’esprit de corps de l’ALAT
L’Entraide ALAT, héritière de l’Amicale et Entraide ALAT, est là pour répondre aux deux objets de ses statuts. Mais elle a aussi sans aucun doute un rôle fédérateur et de cohésion nécessaire à toute communauté. Ce rôle est aujourd’hui essentiel et participe à l’efficacité opérationnelle des camarades d’active. Nous savons tous que la famille des militaires est aujourd’hui une préoccupation permanente du ministère et du commandement. Le « plan famille » en est une illustration, tout comme toutes les initiatives qui sont prises dans ce sens par les différentes armes et les unités. L’Entraide ALAT joue totalement aussi ce rôle et sa devise « veillons sur nos familles » le traduit bien. Etre adhérent à l’Entraide ALAT c’est penser à sa famille mais c’est aussi penser aux Autres, aux camarades qui pourraient un jour être victimes des drames de la vie, car il en va ainsi de la vie. L’Entraide ALAT est le « pilier » solidarité de l’ALAT. Le général commandant de l’ALAT et « Père de l’Arme » l’a d’ailleurs officiellement rappelé. Et c’est dans cet esprit que nous avons voulu que nos Anciens, les Vétérans, puissent être associés à cette démarche de solidarité en les autorisant statutairement à être adhérents à l’Entraide ALAT. Comme il l’est écrit sur l’affiche de l’association, « nous formons un corps, nous avons du cœur, soyons solidaires » ! En cette année du soixantième anniversaire de l’Entraide ALAT, remercions tous ceux qui ont permis que cette belle association existe et formulons le souhait que nous puissions fêter sa prochaine dizaine. Comme l’a dit l’un de nos camarades, Philippe VOLLE, « l’Entraide ALAT est plus qu’une association, elle est une belle idée qui nous rassemble ». Ses quelques 4000 membres ne demandent qu’à accueillir ceux qui ne sont pas encore adhérents. Alors, sans hésiter, rejoignez nos rangs !